Discours de l’Ambassadeur de France à l’occasion du 14 juillet

Discours de M. l’Ambassadeur de France en Algérie à l’occasion du 14 juillet

Excellence Monsieur Hachemi Djiar, Ministre de la Jeunesse et des Sports, représentant(s) le Président de la République et le Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères,
Madame, Messieurs les conseillers à l’Assemblée des Français de l’Etranger,
Chers amis algériens,
Chers amis français, mes chers compatriotes,

Je voudrais tout d’abord, en mon nom et en celui de mon épouse, vous souhaiter chaleureusement la bienvenue. Nous sommes heureux de vous accueillir à l’occasion de notre premier 14 Juillet en terre algérienne.

Merci d’être venus nombreux assister à cette réception. C’est d’abord un honneur que vous nous faites, mais c’est aussi un témoignage d’amitié et une illustration des liens exceptionnels qui existent entre l’Algérie et la France.

Permettez-moi, à cet égard, d’adresser un salut respectueux aux anciens combattants algériens de l’armée française, dont la présence ici ce soir symbolise à elle seule toute la richesse et la singularité de la relation qui unit nos deux pays.

Ce 14 juillet intervient dans un contexte particulier.

Il est particulier, d’abord, pour l’Algérie, qui vient de célébrer avec fierté le cinquantenaire de son indépendance. C’est l’occasion, pour les Français, de saluer l’œuvre considérable accomplie par l’Algérie au cours des dernières décennies, dans de nombreux domaines. C’est également l’occasion d’exprimer les vœux que, du fond du cœur, nous formons pour le bonheur et la prospérité du peuple algérien.

Je le dis très sincèrement à nos amis algériens : nous savons par quelles épreuves vous êtes passés ; nous admirons le courage et la détermination dont vous avez fait preuve dans l’adversité ; nous connaissons la force de vos aspirations et vous souhaitons un plein succès dans votre action en faveur du renforcement de la démocratie et du développement.

Mais le contexte de ce 14 Juillet est particulier aussi parce que la France vient, à la faveur d’élections présidentielles et législatives, de se doter d’un nouveau Président de la République et d’un nouveau Gouvernement.

Le moment parait donc propice pour porter un regard attentif sur notre relation, évaluer le chemin parcouru et tracer ensemble des perspectives concernant son avenir.

C’est cette démarche que les nouvelles autorités françaises ont souhaité engager très rapidement avec les autorités algériennes. Elle sera au centre des discussions que notre Ministre des Affaires Etrangères, M. Laurent Fabius, qui sera à Alger demain et après-demain, aura avec ses interlocuteurs.

Au-delà, l’échéance majeure sera naturellement la visite que le Président François Hollande devrait effectuer en Algérie avant la fin de cette année à l’invitation du Président Abdelaziz Bouteflika.

Si vous permettez au nouveau venu que je suis en Algérie de formuler un jugement sur l’état de notre relation, je dirais qu’elle est bonne, mais qu’elle peut encore être substantiellement renforcée.

Oui, n’en déplaise aux esprits chagrins, notre relation est bonne.

L’Algérie est déjà, pour la France, dans beaucoup de domaines, un partenaire de premier plan.

La coopération entre nous est étroite. L’Algérie représente pour notre Ministère des Affaires Etrangères le premier ou le second pays d’affectation de ses crédits de coopération, avec un accent particulier mis sur l’enseignement supérieur et la recherche et sur la modernisation de l’administration. On dénombre plus de 600 conventions de partenariat entre universités françaises et algériennes ; plus de 1500 enseignants-chercheurs algériens bénéficient chaque année de bourses de stage ou d’études en France ; plus de 22000 étudiants algériens -5000 de plus chaque année- étudient dans nos universités, et plusieurs centaines de chercheurs effectuent un séjour de longue durée dans nos centres de recherche. La formation des hommes, qui constitue un enjeu majeur, et au profit de laquelle l’Algérie consent elle-même un effort considérable, est et restera l’axe prioritaire de notre coopération.

Sur le plan économique aussi, la relation est intense. La France demeure le premier fournisseur de l’Algérie, et son troisième partenaire commercial. Surtout, les quelques 450 entreprises françaises présentes en Algérie, sont, hors hydrocarbures, les premiers investisseurs étrangers dans le pays et contribuent, par la création d’emplois, par la formation professionnelle et par le transfert de technologies, à son développement. Je salue à cette occasion le Président et les élus de la Chambre de Commerce et d’Industrie Algéro-Française, et les remercie pour le dynamisme avec lequel ils animent notre communauté d’affaires et œuvrent au développement des relations économiques entre nos deux pays.

Enfin, la dimension humaine de notre relation est essentielle. Près d’un million d’Algériens résident en France et participent activement à la vie économique et sociale de notre pays. Un nombre bien plus important de Français ont des racines en Algérie. Plus de 150 vols relient chaque semaine l’Algérie et la France. Le nombre de visas délivrés par nos Consulats généraux en Algérie, qui était d’environ 100000 en 2007, devrait atteindre 200000 en 2012. Tout ceci tisse, entre les deux rives de la Méditerranée, une trame d’une exceptionnelle densité.

Le bilan, comme chacun peut en juger, est donc plus qu’honorable. Mais tout cela, bien sûr, n’est pas suffisant. Dans la plupart des domaines que je viens d’évoquer, nous pouvons et nous devons mieux faire. Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, le moment est venu de renforcer notre dialogue et notre coopération, et d’assigner à notre relation de nouvelles ambitions. Parce que les peuples le demandent et que le climat politique y est favorable, d’un côté comme de l’autre. Parce qu’il serait absurde de ne pas tirer parti des atouts que nous ont légués près de deux siècles d’histoire partagée, si mouvementée et douloureuse qu’elle ait été. Enfin, parce que nos destins sont liés, et que c’est donc ensemble que nous devons bâtir notre avenir.

Bien sûr, je suis conscient qu’il nous faudra aussi, pour cela, trouver les moyens d’apaiser les blessures du passé.

Permettez-moi, sur ce point, de citer les termes du message que le Président Hollande a adressé au Président Bouteflika voici quelques jours, à l’occasion du 5 Juillet :

« J’ai bien entendu votre appel, le 8 mai dernier, à une lecture objective de l’histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels. Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité. Ils le doivent à leurs ainés, mais aussi à leur jeunesse.

La France considère qu’il y a place désormais pour un regard lucide et responsable sur son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l’avenir » (fin de citation).

Et permettez-moi aussi de citer ce qu’a écrit le Président Abdelaziz Bouteflika dans le message adressé au Président Hollande à l’occasion du 14 Juillet, et publié hier :

« Les blessures qui ont résulté (de notre histoire commune) pour les Algériens sont profondes, mais nous voulons, comme vous, nous tourner vers le futur et essayer d’en faire un avenir de paix et de prospérité pour les jeunes de nos pays.

Il est temps pour cela d’exorciser le passé en en faisant, ensemble, dans des cadres appropriés, un examen lucide et courageux » (fin de citation).

Je ne peux m’empêcher de voir, dans la convergence de ces messages, le présage de développements heureux pour notre relation.

Un hasard de calendrier fait coïncider, en ce mois de juillet 2012, le cinquantenaire de l’indépendance algérienne avec celui de la rencontre, le 8 juillet 1962, entre le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer, qui allait marquer le début du processus de la réconciliation franco-allemande, scellé quelques mois plus tard par le Traité de l’Elysée.

Je sais que comparaison n’est pas raison. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y là, pour nos deux peuples, un exemple à méditer. Entre partenaires de bonne foi, déterminés à se tourner vers l’avenir, il n’est pas d’obstacle insurmontable, surtout s’ils sont portés par une même ambition au service d’un projet qui leur permet de transcender leurs différends, qu’il s’agisse de la construction de l’Europe ou de celle d’un espace euro-méditerranéen de paix et de prospérité.

Je souhaiterais maintenant, si vous le permettez, m’adresser plus particulièrement à mes compatriotes ici présents. A tous, je veux dire : « bonne fête » et « merci de ce que vous faites pour faire briller, en Algérie, l’image de la France et servir l’amitié franco-algérienne ».

Je pense à nos conseillers à l’Assemblée des Français de l’Etranger, dont trois m’entourent ce soir. Je suis heureux de rendre hommage à l’action qu’ils mènent au service de nos compatriotes d’Algérie.

Je pense à mes collègues des différents services de l’Ambassade et de nos Consulats Généraux d’Alger, d’Oran et d’Annaba, dont j’ai pu apprécier, depuis mon arrivée, la compétence et le dévouement.

Je pense aux agents de nos antennes de l’Institut Français d’Alger, d’Annaba, de Constantine, d’Oran et de Tlemcen, qui mènent une action exemplaire pour ouvrir aux jeunes Algériens, à travers l’enseignement de notre langue et la diffusion de notre culture, une fenêtre sur le monde. Je suis heureux, à cet égard, de vous annoncer que nous rouvrirons en 2013 l’antenne de Tizi Ouzou, fermée depuis 20 ans, et je tiens ici à remercier très chaleureusement tous ceux qui nous soutiennent dans ce projet.

Je pense bien sûr aux personnels du Lycée International Alexandre Dumas et de la petite école d’Hydra, dont je salue le professionnalisme et l’engagement. L’ouverture, en septembre prochain, des classes primaires du Lycée va permettre de multiplier par quatre l’offre de scolarisation dans le primaire à Alger pour nos compatriotes. C’est l’aboutissement d’un effort important, que nous entendons poursuivre au cours des prochaines années, en accord avec les autorités algériennes, par l’ouverture d’écoles dans deux ou trois villes de province.

Je pense enfin à nos conseillers du commerce extérieur et à tous les responsables et employés d’entreprises françaises, dont j’admire l’action qu’ils mènent au quotidien pour promouvoir et faire apprécier les savoir-faire français en Algérie. Je salue aussi le travail qu’ils effectuent, au sein de leurs entreprises, pour développer l’emploi et former les jeunes générations de cadres algériens car, une fois de plus, je suis convaincu que la formation des hommes est un enjeu capital et doit être placé au cœur de la relation franco-algérienne.

C’est toujours avec plaisir que je les rencontre, car ils ont souvent de ce pays une connaissance profonde et, malgré les difficultés auxquelles ils se heurtent parfois, en parlent toujours avec beaucoup d’intelligence et de sympathie. Nous comptons également sur eux pour mobiliser de nouvelles entreprises françaises à faire le pari de l’Algérie, et notamment les Petites et Moyennes Entreprises, encore insuffisamment présentes aujourd’hui.

Merci encore à tous nos amis algériens, venus nous entourer de leur amitié en ce jour de notre Fête Nationale.

Merci aussi à tous ceux, Algériens et Français, qui ont apporté leur concours à l’organisation de cette belle réception qui nous réunit aujourd’hui.

Vive l’Algérie ! Vive la France ! Et vive l’amitié entre la France et l’Algérie !

Je vous invite maintenant à écouter ensemble nos hymnes nationaux, le « Qassaman » et la « Marseillaise ».

André Parant

Ambassadeur de France en Algérie

Haut représentant de la république française

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publié le 10/01/2021

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